Le déploiement des bornes haute puissance en Bretagne progresse mais reste inégal
L’opérateur R3 a réalisé un déploiement impressionnant en installant 120 bornes DBT de 150 kW en seulement six mois. Ce réseau couvre à présent 95 % des axes routiers principaux de Bretagne, s’inscrivant dans l’objectif clair d’atteindre au moins 15 points de recharge haute puissance par département d’ici la fin 2025.
Une implantation concentrée en zones urbaines
Malgré cette avancée, le maillage territorial montre une concentration marquée en zones urbaines. Les campagnes et villages de moins de 2 000 habitants restent sous-équipés, avec un ratio critique d’un point de charge pour 50 véhicules. Notamment, 67 % des petits villages bretons n’ont aucune infrastructure de recharge, ce qui reflète une fracture territoriale significative.
Freiner l’adoption hors métropoles
Cette inégale répartition limite d’autant plus l’adoption du véhicule électrique hors des zones métropolitaines bretonnes. Le défi est donc de repenser et d’étendre le déploiement pour qu’il devienne véritablement équilibré et adapté aux nécessités des zones rurales et périurbaines.
Les disparités régionales illustrent un retard relatif de la Bretagne dans le contexte national
Au 31 mars 2025, la France totalise 163 656 points de recharge publics, avec une croissance annuelle de 29 %. La disponibilité opérationnelle des bornes atteint 69 % en février 2025, gage d’un réseau fiable.
Une progression bretonne plus lente que d’autres régions
En comparaison, la Bretagne affiche une hausse plus modérée avec moins de 700 points additionnels, loin des chiffres atteints en Île-de-France (27 966 points) ou en Auvergne-Rhône-Alpes (20 019 points). Cette situation renforce la fracture territoriale liée à l’accès aux infrastructures, freinant malgré une demande croissante.
Un déploiement national freiné par la fragmentation
À l’échelle nationale, la fragmentation des acteurs et des normes complique la création d’un réseau unifié et performant. Selon Chargemap, seulement 40 % des bornes rapides prévues pour 2025 seront réellement opérationnelles, illustrant un retard technologique et organisationnel préoccupant à maîtriser pour répondre à la croissance du parc électrique.
Les investissements publics et partenariats régionaux visent à corriger les inégalités d’accès
Face à ces défis, des initiatives cruciales émergent :
- L’État mobilise un financement exceptionnel de 100 millions d’euros, ciblant particulièrement le réseau national non concédé auquel appartient la Bretagne, afin de renforcer la couverture rapide en zones périurbaines et rurales.
- Des partenariats entre fabricants, exploitants comme R3, autorités locales et opérateurs tels que DBT assurent un déploiement territorialement juste et sécurisé.
- Ce modèle breton repose sur une coordination multi-acteurs favorisant un réseau maillé résilient, adapté aux spécificités géographiques régionales.
- Ces efforts conjoints contribuent à réduire les disparités régionales en infrastructures, soutenant une transition énergétique plus inclusive et équitable.
Les enjeux économiques et technologiques freinent la montée en charge des infrastructures bretonnes
La situation économique locale impacte fortement le développement des infrastructures. Le secteur automobile breton pâtit de restructurations importantes, particulièrement autour de Stellantis à Rennes. En moins de vingt ans, les emplois dans ce secteur ont chuté de 20 000 à environ 7 500.
Cette désindustrialisation limite la capacité régionale à soutenir efficacement la transition électrique, notamment concernant le déploiement des bornes nécessaires à la montée en puissance des véhicules électriques.
Malgré cela, le pôle de compétitivité ID4Mobility stimule l’innovation sur trois axes stratégiques :
- l’intégration numérique embarquée,
- l’économie circulaire via recyclage et réutilisation,
- la technologie électrique incluant batteries, moteurs et infrastructures de recharge.
Ce dynamisme souligne le rôle clé des infrastructures comme levier tant économique que technologique pour la région.
La transition énergétique bretonne s’appuie sur une intégration progressive des énergies renouvelables et de la digitalisation des données
Depuis 2024, les infrastructures telles que celles déployées par IONITY en Bretagne fonctionnent exclusivement grâce à des sources d’énergie 100 % renouvelables. Ce choix écologique permet une réduction significative des émissions, évitant environ 8 200 tonnes de CO2 annuelles, confortant la cohérence environnementale de la mobilité électrique.
Par ailleurs, la digitalisation s’organise avec la mise en place d’un répertoire national des Infrastructures de Recharge pour Véhicules Électriques (IRVE). Ce registre est alimenté de manière réglementée sur data.gouv.fr, assurant la traçabilité, la transparence et la mise à jour continue des données, essentielles pour la planification.
L’intégration de ces bases contribue à une coordination renforcée et à l’optimisation des réseaux, un levier indispensable pour répondre aux besoins d’un déploiement efficace et équitable.
Conseils pratiques pour une transition réussie
- Privilégiez l’usage de bornes compatibles avec les normes nationales et fonctionnant à l’énergie renouvelable.
- Encouragez les collectivités à publier régulièrement leurs données IRVE pour un suivi optimal et uniforme.
- Favorisez l’implantation de bornes haute puissance dans les zones rurales afin de diminuer la fracture territoriale.
- Soutenez activement l’innovation locale via des pôles comme ID4Mobility pour renforcer les capacités techniques et industrielles régionaux.
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